LigérO : une boîte à outils pour suivre et évaluer les travaux en milieux humides

Le Conservatoire d’espaces naturels Centre-Val de Loire et le Forum des Marais Atlantiques ont élaboré une boîte à outils permettant aux gestionnaires de milieux humides du bassin Loire-Bretagne de mieux connaître leur état et de suivre l’impact des travaux sur ces milieux particuliers. Pour préserver ces milieux menacés, c’est un outil indispensable pour améliorer la connaissance de leur fonctionnement, pour décider des travaux de restauration à réaliser et en évaluer l’efficacité.

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septembre 2021

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Les zones humides : des milieux utiles menacés

Les zones humides abritent une grande biodiversité et rendent des services gratuits et essentiels comme le maintien d’une bonne qualité de l’eau et la régulation des quantités d’eau (rôle d’éponge quand elle est en excès et ré-alimentation des cours d’eau en période de sécheresse).En France, 2/3 de leur superficie ont été détruites dont 50 % entre 1960 et 1990. Face au changement climatique et à l’érosion de la biodiversité, leur préservation et leur restauration est indispensable.

Le bassin Loire-Bretagne en compte 700 000 ha soit 4.5 % de son territoire. C’est pourquoi l’agence de l’eau Loire-Bretagne finance des maîtres d’ouvrage (collectivités, syndicats de rivières et de bassin versant…) pour préserver et restaurer ces zones humides.

Laurent Vienne

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« Pour intervenir de façon appropriée, nous avons besoin de connaître l’état et le fonctionnement de ces zones puis une fois les travaux réalisés de pouvoir évaluer leur efficacité. C’est ce que permet la boite à outils LigérO. Sa mise à disposition à l’échelle du bassin Loire-Bretagne auprès des élus et des maîtres d’ouvrage doit permettre une prise de conscience du rôle des zones humides et inciter à agir pour les restaurer et les préserver. »

Laurent Vienne, chargé de mission « Zones humides « à l’agence de l’eau Loire-Bretagne

LigérO pour mieux suivre les zones humides

La création de la boîte à outils LigérO d’indicateurs de suivi et d’évaluation des milieux humides est lauréate des Trophées de l'eau 2021 dans la catégorie « Restaurer les cours d'eau, les zones humides et leur biodiversité ».

Des outils et méthodes partagés

A la demande de l’agence de l’eau et pour répondre aux besoins des maîtres d’ouvrage de travaux de restauration des milieux humides, le Conservatoire d’espaces naturels de la région Centre-Val de Loire et le Forum des Marais Atlantiques se sont associés en 2014 pour mettre à disposition des acteurs et gestionnaires des zones humides, un outil d’évaluation composé d'indicateurs communs et de protocoles harmonisés. L’objectif est double :

  • suivre l’état des milieux humides sur le bassin Loire-Bretagne (évaluer leur état de conservation) et,
  • évaluer l’efficacité des travaux de gestion et de restauration de ces zones. »

La boîte à outils LigérO comporte sept indicateurs et des protocoles de suivis qui permettent de qualifier un type de zone humide à travers une note. On suit par exemple les végétaux, les amphibiens (grenouilles, crapauds, tritons…), les libellules (odonates), la piézométrie (niveau d’eau dans le sol), la nature du sol et le niveau trophique de l’eau… En fonction des caractéristiques des espèces trouvées, une note est attribuée à la zone.

Audrey Duriez

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 « Ce sont des outils « clé en main » pour suivre l'efficacité des travaux de restauration sur les zones humides. Par ailleurs cela aide à faire connaître et à valoriser ces milieux qui jouent un rôle pour la qualité de l’eau et pour sa quantité, facteur non négligeable dans un contexte de changement climatique. »

Audrey Duriez, chargée de mission au Forum des Marais Atlantiques

Une formation et un accompagnement des gestionnaires

Les outils LigérO, adaptés au bassin Loire-Bretagne, sont à disposition de tout maître d'ouvrage souhaitant suivre l'évolution de milieux humides sur lesquels il a entrepris des travaux.

Afin de faire connaître la boîte à outils LigérO, et pour que les maîtres d’ouvrage s’approprient ces protocoles, le Forum des marais atlantiques et le Conservatoire d’espaces naturels Centre-Val de Loire accompagnent les gestionnaires par des formations et un appui technique. Ils aident au choix des indicateurs, à la mise en place du plan d’échantillonnage, à l'utilisation de la calculette ou encore à l'analyse des données. Aurélien Mathevon, a suivi une formation sur la boîte à outils LigérO. Il témoigne :

Aurélien Mathevon

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« Cette formation m’a permis de connaître les protocoles mis en place sur le terrain pour pouvoir définir les cahiers des charges et ainsi missionner des bureaux d’études qui effectuent ces suivis sur les milieux humides gérés par mon syndicat. »

Aurélien Mathevon, Syndicat mixte des vallées de la Veyre et de l’Auzon

Des applications concrètes sur le terrain

Avec LigérO, les gestionnaires disposent d’outils adaptables à tous les terrains en zone humide. Quelques acteurs témoignent sur l’utilisation qu’ils en font : Brigitte Ruaux utilise la boîte à outils sur la zone humide de Veigné au Sud de Tours (37).

Brigitte Ruaux

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septembre 2021

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« Nous suivons différents indicateurs : par exemple le niveau de la nappe pour voir si la zone humide est fonctionnelle ou pas. Nous inventorions également la flore : nous mettons en place des carrés dans lesquels nous relevons l’ensemble des espèces végétales et leur recouvrement, et pour les libellules, on marche lentement sur 25 mètres en relevant l’ensemble des espèces de libellule. Tous ces éléments nous permettent d’attribuer une note qui est révélatrice de l’état fonctionnel du milieu. »

Brigitte Ruaux, chargée de mission zones humides au conservatoire d’espaces naturels Centre-Val de Loire

Mathilde Goalabré met en œuvre le suivi de l’indicateur trophique dans les marais de Brière.

Mathilde Goalabré
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« Sur les marais du bassin versant Brière Brivet on évalue « l’indicateur trophique » spécialement créé pour le suivi et l’évaluation des marais rétro-littoraux. On prélève de l’eau dans les canaux de marais pour étudier les premiers stades de la chaîne alimentaire, microalgues et invertébrés, qui sont un support essentiel de la biodiversité animale des zones humides. A travers cela, on étudie la richesse de la chaîne alimentaire qui en découle.

L'objectif, à terme, est que ce suivi puisse mesurer l’impact de la gestion au sein du marais, comme par exemple les envois d’eau salée sur le milieu d’eau douce (en ouvrant ou fermant des vannes). Ce sont des éléments qui sont importants pour nos élus, qui leur permettront de prendre des décisions adéquates. »

Mathilde Goalabré, syndicat du bassin du Brivet

Un outil à déployer sur tout le bassin Loire-Bretagne

L’objectif à terme est que la boite à outils LigérO puisse être déployée sur toutes les zones humides du bassin Loire-Bretagne afin de mieux connaître leur état de conservation et de suivre les travaux réalisés.

La poursuite des formations et l'appui technique pour continuer d'aider les maitres d'ouvrages à mettre en œuvre cette méthode commune de suivi est indispensable.

 

LigérO : la boîte à outils d'indicateurs de suivi et d'évaluation des milieux humides

Vidéo - LigérO : la boîte à outils d'indicateurs de suivi et d'évaluation des milieux humides

Le Conservatoire d’espaces naturels Centre-Val de Loire et le Forum des Marais Atlantiques ont élaboré une boîte à outils permettant aux gestionnaires de milieux humides du bassin Loire-Bretagne de mieux connaître leur état et de suivre l’impact des travaux sur ces milieux particuliers. Pour préserver ces milieux menacés, c’est un outil indispensable pour améliorer la connaissance de leur fonctionnement, pour décider des travaux de restauration à réaliser et en évaluer l’efficacité.

septembre 2021

© Une Image à part - Agence de l'eau Loire-Bretagne

Voix-off :
Prairies, marais, tourbières, les zones humides et leur biodiversité exceptionnelle sont des éponges, de véritables filtres, essentiels pour réguler la quantité et la qualité de l’eau. Et pourtant, en France, près de 70 % de ces zones ont été détruites au 20e siècle, et la moitié en seulement 30 ans, entre 1960 et 1990. Alors, pour mieux les préserver, les restaurer, des techniciens, des ingénieurs, des chercheurs ont inventé une boîte à outils pour scruter, décrypter l’évolution de ces zones humides si précieuses.

Partie « Les constats »

Voix-off :
Cette boite, ce sont 7 outils de mesure pour établir un diagnostic.
Exemple : en Loire Atlantique, au cœur du marais de Brière. Le travail de Mathilde, c’est de suivre au quotidien, la qualité des eaux du bassin versant, et notamment des 20 000 hectares de marais. À moins de 10 kilomètres de l’océan, l’indicateur trophique va permettre de faire une batterie d’analyses.

Mathilde GOALABRÉ, Animatrice, Syndicat du bassin versant du Brivet
« On va relever la conductivité, la salinité, la température de l’air et de l’eau, et on va regarder si on a une forte oxygénation, ou non. »

Olivier PHILIPPINE, Ingénieur d’études, Union des Marais de la Charente-Maritime
« On décrit vraiment les premiers maillons de la chaîne alimentaire. On va travailler sur de toutes petites algues, et les consommateurs de ces algues. Notre indicateur trophique est un outil qui permet de comprendre comment améliorer éventuellement la situation de notre masse d’eau.»

François-Xavier ROBIN, Responsable Eau-Environnement, Union des Marais de la Charente-Maritime
«C’est un des nombreux paramètres qui permet de caractériser le fonctionnement de ces zones humides, et donc mieux les connaître, mieux les protéger, mieux les gérer.»

Mathilde GOALABRÉ, Animatrice, Syndicat du bassin versant du Brivet
« Par exemple, le niveau des eaux, et les envois qu’on fait depuis l’estuaire : c’est vraiment de pouvoir mesurer l’impact de ces envois d’eau salée sur un milieu doux. Ce sont des éléments très importants pour nos élus, pour prendre des décisions adéquates.»

Voix-off :
L’indicateur trophique, est l’un des 7 outils de mesure de Ligér’O, cette boîte à outils, imaginée en 2008. Elle a été déployée, puis testée par les experts du Forum des Marais Atlantiques, et du Conservatoire d’espaces naturels Centre-Val de Loire en 2014, à la demande et avec le soutien financier de l’agence de l’eau Loire-Bretagne.

Audrey DURIEZ, Chargée de mission « indicateurs de suivis zones humides », Forum des Marais Atlantiques
« Il y avait une réelle demande des opérateurs de terrain, et de l’Agence de l’eau, pour avoir à disposition cet outil d’évaluation des zones humides. Et dans ce contexte de changement climatique, il est important de disposer d’outils qui rendent compte de cet état.»

Laurent VIENNE, Chargé de mission, Agence de l’eau Loire-Bretagne
« L’agence de l’eau, sur son bassin Loire-Bretagne, a environ 700 000 hectares de zones humides. La préservation de la qualité de l’eau et des milieux aquatiques est une des priorités affichée dans ce programme d’intervention.»

Partie « La boîte à outils Ligér’O : mode d’emploi »

Voix-off :
Avec Ligér’O, les scientifiques, les techniciens disposent d’outils adaptables, à tous les terrains.
Au Sud de Tours, cette zone humide de 21 hectares, le long de l’Indre, a fait l'objet de travaux de restauration. Depuis la fin du chantier en 2020, des outils de la boîte sont utilisés pour tester l’efficacité des travaux.

Brigitte RUAUX, Chargée de mission zones humides, Conservatoire d’espaces naturels Centre-Val de Loire
« Là, le tube en PVC descend dans le sol. Il nous permet de suivre le niveau de la nappe. Le but de ce suivi piézométrique, c’est de voir si la zone humide reste fonctionnelle, ou pas. Pour les fleurs, on a mis en place des carrés, des quadras. Sur ces carrés, on relève l’ensemble de la végétation avec le recouvrement. Le protocole libellule, on marche sur vingt-cinq mètres, mais très lentement, en relevant l’ensemble des espèces de libellules et d’odonates qu’on observe. Donc là, on commence à voir un éclaircissement, ça devient gris. La terre est partie, ça veut dire qu’on est dans une zone humide en tout cas, ça c’est sûr… »

Voix-off :
Pour suivre l’état de la flore, la présence de libellules et de crapauds, la profondeur des traces d’eau dans le sol : les protocoles sont donc bordés, normalisés.

Partie « La boîte à outils Ligér’O : la formation »

Voix-off :
L’objectif, c’est évidemment le déploiement des outils, le partage de données et d’informations sur tout le bassin Loire-Bretagne. Dans le Puy-de-Dôme, ce jour-là, la formation commence par la théorie, la découverte des protocoles standardisés et des fiches d'aide à l'analyse. Autour de la table : 10 représentants de syndicats d’eau, de parcs naturels et d’associations. Pour tester les outils grandeur nature, direction le lac tourbière de Bourdouze, à deux pas du Puy de Sancy : une zone humide de 25 hectares, 1150 mètres d’altitude et des fonds de 4 mètres.

Aurélien MATHEVON, Technicien Rivières, Syndicat mixte des vallées de la Veyre et de l'Auzon
« J’avais besoin de connaître le protocole mis en place sur le terrain, pour définir les cahiers des charges et pour missionner des bureaux d’études.»

Brigitte RUAUX, Chargée de mission Zones humides, Conservatoire d’espaces naturels Centre-Val de Loire
« Donc, ils viennent à ces journées pour voir, combien ça coûte, et comment il faut faire. L’accompagnement à la carte : les gens qui en ont vraiment besoin, on va sur leur terrain, la zone humide qui leur pose problème, pour dire : tel protocole est plus intéressant dans le cadre de votre question.»

Voix-off :
C’est le conservatoire d’espaces naturels d’Auvergne qui gère ce site test du programme Ligér’O, depuis 2016. Relevés de végétation, suivi de la nappe d’eau, comptage des amphibiens, des libellules : tous les indicateurs ont été  testés pour évaluer la restauration de cette zone humide.

Lucie LE CORGUILLÉ, Chargée de projets Département du Puy-de-Dôme, Conservatoire d’espaces naturels d’Auvergne
« Les indicateurs ne sont pas forcément un objectif de préservation, par contre ça nous donne des outils pour évaluer la gestion et la restauration qu’on mène sur des sites. Ça fait partie de nos outils de travail et notre travail, c’est de préserver les zones humides, donc c’est important. »

Partie « Perspectives »

Voix-off :
Les résultats et l’analyse des données ont donc un intérêt majeur : fournir des éléments aux gestionnaires de territoire, pour fixer des orientations, définir des stratégies.

Serge GRESSETTE, Responsable scientifique et technique, Conservatoire d’espaces naturels Centre-Val de Loire
« La première ambition, c’est de déployer Ligér’O au maximum, sur le territoire de l’agence de l’eau Loire-Bretagne. C’est aussi de travailler avec d’autres bassins pour que ces protocoles soient diffusés largement à travers la France, qu’ils soient utilisés et permettent de rapporter l’état de nos zones humides au niveau national, mais aussi remonter ces éléments au niveau européen et mondial.»

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