Adapter l'estuaire de la Loire au changement climatique

Avec le changement climatique, le littoral et en particulier l'estuaire de la Loire, seront de plus en plus menacés par la montée des eaux et le risque de submersion marine. Le conservatoire du littoral, en partenariat avec le conseil départemental de Loire-Atlantique, la commune de Corsept et la communauté de communes Sud Estuaire, mène une réflexion collective et prospective pour adapter l'estuaire de la Loire au changement climatique. Il accompagne ainsi la commune pour réfléchir au devenir de son territoire dans un contexte d'évolution du trait de côte. Et il expérimentera, sur la commune du Pellerin, la reconnexion de plans d'eau à la Loire.

A la fois corridor migratoire et zone d’alimentation, de refuge et de reproduction, l’estuaire de la Loire est un territoire essentiel pour de nombreux poissons comme la sole ou le bar. Le lit majeur de la Loire comprend de nombreux étiers et marais connectés au chenal principal qui sont aussi des habitats importants pour la faune aquatique. Le fonctionnement de ce milieu naturel est perturbé par la présence d’aménagements (endiguement, mares de chasse, polders…) mis en place par l’Homme.

Photo de l'estuaire de la Loire à Corsept
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juillet 2021

© Jean-Louis Aubert

Le conservatoire du littoral, propriétaire de plus de 2700 hectares dans l'estuaire gérés par le département, souhaite :

  • aider les collectivités à voir leur territoire à long terme, 
  • valoriser et renforcer l’intérêt écologique de ces milieux adjacents,
  • étudier les conséquences d'une potentielle reconnexion à la Loire,
  • réfléchir collectivement aux modalités d’adaptation de ces zones face au changement climatique.

Aider des communes à faire face à la montée des eaux

Comment évoluera le territoire situé entre les communes de Corsept et de Saint-Brévin si le niveau de la mer augmente à la suite du changement climatique ? Comment s'adapter face à l'érosion marine et au recul attendu du trait de côte ? Comment intégrer dans les projections la dynamique sédimentaire en cours dans ce secteur sud de l'estuaire qui fait face au cheval de navigation ? Autant de questions qui vont être objectivées et débattues pour aider le territoire à se projeter dans le long terme.

Sur la commune de Corsept, en partie aval de l’estuaire, près de 300 ha de terres situées en bordure de Loire sont déconnectées du fleuve par une digue en terre de plusieurs kilomètres. Construite au début des années 90, elle ne protège pas suffisamment pour être inscrite dans le système d’endiguement du territoire. Cette digue va être déclassée et la question de son devenir et du devenir des terrains en arrière se pose.

Le conservatoire du littoral a donc proposé à la commune la mise en place d’une démarche prospective d’accompagnement à l’élaboration d’une stratégie de gestion du trait de côte, via l’étude de différents scénarii d’évolution possible de son territoire.

Une large concertation avec les élus et acteurs locaux...

Première étape, la réalisation d'un diagnostic et le partage des enjeux. Avec le recrutement d'un chargé de mission pour coordonner la démarche et animer la concertation qui est au cœur de ce projet.

Sur la base d’un état des lieux partagé, une démarche prospective sera animée sur un ensemble large de thématiques croisées (histoire, paysage, hydrodynamique, écologie, agriculture, usages, perceptions sociales…). Dans le contexte de changement climatique, différents scénarii seront proposés et concertés avec les acteurs du territoire, en articulation avec l’intercommunalité en charge de la gestion des milieux aquatiques et de la prévention des inondations.

L’objectif est que chacun s'approprie les enjeux passés et actuels du site afin de s’interroger sur le devenir de la digue et l'évolution du territoire. Avec à l'appui :

  • une approche historique,
  • une entrée dans la démarche par le paysage, avec une rétrospective de son évolution jusqu'à aujourd'hui,
  • une analyse des activités économiques et des usages du site,
  • une bonne compréhension du fonctionnement hydrodynamique et écologique actuel du site.

... pour se projeter dans l'avenir

Collectivement les collectivités et les acteurs locaux, avec les partenaires du territoire (Gip Loire estuaire, chambre d'agriculture, fédération de pêche...), se projetteront dans l'avenir. Ils co-construiront des scénarios d’évolution du polder selon différentes hypothèses (par exemple, digue maintenue, digue supprimée partiellement ou totalement, création de brèches... pour reconnecter le polder à la Loire). Pour chacun des scénarios, l'évolution du paysage, du milieu naturel et des activités de demain seront étudiés en intégrant notamment l'évolution projetée des niveaux d'eau.

Cet accompagnement, prévu sur une durée initiale de trois ans, permettra au territoire d’assumer des choix éclairés qui conduiront, dans un deuxième temps, à la mise en œuvre d’un programme d’actions.

Cette démarche est inspirée et capitalisera sur le programme Life Adapto. Ce programme, porté depuis 2017 à l'échelle nationale par le conservatoire du littoral sur dix sites pilotes, bénéficie de financements européens pour explorer, sur les territoires littoraux naturels, des solutions face à l’érosion et à la submersion marine.

Jerôme Guével

Photo de Jerôme Guével

«  La démarche concertée menée, et les scénarios étudiés, permettront au territoire de se projeter dans l’avenir en assumant des choix d’adaptation aux changements globaux en cours. Une réelle valorisation des espaces naturels de bord de Loire, et de leur rôle d’espace tampon face aux submersions marines est attendue, tout en permettant de mieux valoriser les qualités écologiques, paysagères et d’élevage de cet espace. »

Jerôme Guével, Délégué de rivages adjoint du conservatoire du littoral pour la délégation Centre-Atlantique

Expérimenter la reconnexion de plans d'eau à la Loire

Plus en amont, sur le territoire de la commune du Pellerin, en Loire-Atlantique, le conservatoire du littoral expérimentera la reconnexion d’anciens plans d’eau de chasse artificiels à la Loire. Objectif : reconquérir les milieux aquatiques et la faune piscicole associée.

Seront conduites des études de faisabilité de travaux pour désartificialiser, et ré-estuariser des plans d'eau dans une propriété de 23 hectares, un ancien domaine de chasse en déprise, acquis en 2019 par le conservatoire du littoral. Il s'agit, sur la rive Sud de l'estuaire de la Loire de :

  • créer des habitats propices au développement de la biodiversité (zones de refuge et de reproduction pour les poissons),
  • de recréer des surfaces marnantes, c'est-à-dire découvertes ou recouvertes par l'eau au cours des marées,
  • de suivre l'évolution des communautés animales et végétales, et la sédimentation probable des plans d'eau après la réouverture.

Une réponse à l'appel à initiatives - Biodiversité marine

Retenues au titre de l’appel à initiatives « Biodiversité marine » de l'agence de l'eau Loire-Bretagne de 2020, ces deux actions (Corsept et Le Pellerin) bénéficient au total d’une subvention de l’agence de l’eau Loire-Bretagne de 70 % sur un montant total d'environ 285 000 euros (études, animation et suivi du projet sur trois ans).

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En savoir plus

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