Mieux accueillir les oiseaux d'eau dans le golfe du Morbihan

Pour mieux accueillir les oiseaux d'eau (canards, sarcelles, bernaches...) qui hivernent dans le golfe du Morbihan sur la réserve naturelle du marais de Sené, l'association Bretagne vivante restaure du pâturage en partenariat avec l'office français de la biodiversité qui équipe des oiseaux en GPS pour mieux comprendre leur utilisation du marais et mieux protéger leurs lieux de vie.

Des populations d'oiseaux migrateurs en déclin...

Photo Sarcelle d'hiver - Canard siffleur et Bernache Cravant
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Sarcelle d'hiver - Canard siffleur et Bernache Cravant

© François Hémery - Yves le Bail (en bas à droite)

Les marais de Sené, c'est un paysage unique dans le golfe du Morbihan, avec sa mosaïque d'habitats littoraux (vasière, estuaires, anciens marais salant) et une zone d'importance internationale pour certaines espèces d'oiseaux d’eau. La Bernache cravan, le Canard siffleur, la Sarcelle d’hiver et le Canard pilet hivernent parmi d'autres dans le marais.

Mais le changement dans la qualité et la superficie des habitats propices à ces espèces sont une des causes du déclin de ces oiseaux migrateurs de la famille des Anatidés. De soixante mille anatidés dans les années 1960, le golfe du Morbihan n'en accueille plus qu'environ trente mille.

mais des initiatives pour les préserver

Zone d'étude du marais de Sené pour les anatidés

Zone d'étude pour la restauration du marais rétro-littoral de Sené pour les Anatidés
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juin 2021

© Agence de l'eau Loire-Bretagne

Pour enrayer le déclin de ces populations d'oiseaux migrateurs, l'association Bretagne vivante, co-gestionnaire de la réserve naturelle de Sené, s'engage dans la restauration de leurs habitats et, avec l'office français de la biodiversité, dans l'amélioration de la connaissance, indispensable pour mieux les préserver.

Restaurer des prairies pour l'alimentation des oiseaux

Photo d'un broyage de prunelier sur digue et de la digue après trois années de pâturage
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Broyage de prunelier sur digue en 2018 en haut - Digue après 3 ans de pâturage en bas

© Guillaume Gélinaud

En l'état actuel des connaissances, les marais rétro-littoraux1), comme les marais de Sené, constituent une zone d'alimentation majeure pour les Anatidés - oiseaux migrateurs et hivernants - du golfe du Morbihan. Pendant la période d'hivernage, ils se nourrissent essentiellement de végétaux (graines, feuilles, rhizomes...) provenant des prairies humides ou inondables, pas trop hautes et riches en protéines, une végétation typique des prairies pâturées. Leur qualité alimentaire dépend à la fois de la hauteur d'eau, de la salinité et de la hauteur de la végétation. 

C'est pourquoi, dans une partie du marais, des fourrés sont gyrobroyés et des clôtures installées pour permettre aux agriculteurs de faire pâturer du bétail du printemps à l'automne et d'éviter le boisement (pour maintenir ouvert le paysage). Des ouvrages hydrauliques sont rénovés pour permettre de gérer le niveau d'eau dans le marais.

1) Rétro-littoral c'est-à-dire situé dans à l'arrière de la côte littorale (dans l'arrière-pays).

Mieux comprendre comment les oiseaux utilisent le marais

Où vont-ils manger et dormir ? Quelle utilisation du marais et notamment des surfaces restaurées ? Pour répondre à ces questions et vérifier si les secteurs restaurés sont utilisés, la réserve naturelle de Sené en partenariat avec l'office français de la biodiversité équipe des oiseaux de balises GPS pour observer puis analyser la façon dont ils utilisent le marais pour se nourrir la nuit.

Les résultats permettront de vérifier l'intérêt des restaurations faites mais aussi de  proposer de nouvelles zones à restaurer et d'orienter les mesures de protection.

65 hectares mis en pâturage et 23 oiseaux suivis

Au final, soixante-cinq hectares de marais sont mis en pâturage et vingt-trois Anatidés de trois espèces différentes sont dorénavant équipés de balises GPS.

Les  travaux se sont étalés sur trois ans en raison de leur complexité. Il a fallu tenir compte des variations d'humidité du sol, de la réglementation de la réserve naturelle et des enjeux de protection des oiseaux pour limiter leur dérangement. La capture des oiseaux, en milieu ouvert, a pris du temps et a nécessité un travail de nuit.

Le coût des travaux de remise en état et du baguage des oiseaux, d'environ 140 000 euros chacun, bénéficie d'une subvention de 80 % de l'agence de l'eau Loire-Bretagne soit un total d'environ 110 000 euros environ dans le cadre de l'appel à initiatives pour la biodiversité marine lancé en 2017.

Les résultats ont permis d'identifier les lieux où se nourrissent les Anatidés la nuit. De précieuses connaissances pour alimenter les réflexions, identifier les milieux à restaurer et améliorer la gestion et la protection de ces milieux.

Photo du marais de Sené
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Marais de Sené

© Guillaume Gélinaud

« La réserve naturelle du marais de Séné, c'est  530 hectares de vasières, de prés salés typiques d'un estuaire, d'anciens marais salants et de prairies. Et un site majeur pour les oiseaux d'eau comme les Anatidés.

Notre constante préoccupation est de savoir comment garder des conditions favorables à l'accueil des oiseaux d'eau dans un environnement mouvant : soumis à la pression de multiples usage ainsi qu'à l'évolution du climat et à ses conséquences sur la modification du trait de côte.

Le partenariat avec l'agence de l'eau Loire-Bretagne a permis d'impliquer les professionnels de l'agriculture et de recréer des conditions favorables au pastoralisme. Il nous faudra à l'avenir étendre le travail avec les collectivités ayant la compétence GEMAPI (gestion des milieux aquatiques et prévention des inondations). »

Guillaume GELINAUD, conservateur de la réserve naturelle du Marais de Séné

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