Diminuer les fuites d'eau sur les réseaux

Diviser un réseau d'eau potable en plusieurs secteurs, mettre en place des équipements de comptage et de télégestion permet un meilleur suivi des volumes d'eau et la localisation plus rapide des fuites sur le réseau. Des investissements rentables comme en témoigne les résultats d'une étude socio-économique sur trois territoires du département des Deux-Sèvres.

Des compteurs d'eau par secteur pour trouver les fuites

La pose de compteurs d'eau, par secteur du réseau de distribution d'eau potable, permet de faire des mesures locales de débits, et ainsi :

  • d'identifier le secteur du réseau où est localisée la fuite,
  • d'intervenir plus rapidement pour réparer les canalisations.

La sectorisation permet d'économiser l'eau en diminuant les volumes perdus sur le réseau d'eau potable. Elle réduit ainsi les prélèvements d'eau dans les milieux aquatiques. En plus de l'intérêt environnemental, l'intérêt économique est là avec des coûts de traitement de l'eau potable et d'acheminement réduits.

Fuites d'eau sur les réseaux : 19 % de l'eau potable produite repart au milieu naturel avant d'arriver au robinet dans le bassin Loire-Bretagne (estimation).

La réduction des pertes sur les réseaux d'eau potable est le premier enjeu d'économie d'eau du bassin Loire-Bretagne.

Des bénéfices intéressants à un coût supportable

La sectorisation des réseaux d'eau potable est bénéfique pour la collectivité au regard de son coût :

  • les coûts sont supportables avec des coûts net d'investissement faibles pour le matériel (chambres de comptage, compteurs, systèmes de télégestion, outils de pré-localisation) qui peuvent être réduits par une aide de l'agence de l'eau Loire-Bretagne, et avec des coûts de fonctionnement peu élevés des outils de télégestion
  • les bénéfices sont intéressants avec des coûts de traitement de l'eau et d'achat d'eau potable moindre pour les syndicats en raison de la baisse des volumes produits ou achetés, et avec en plus des dégâts des eaux et des demandes d'indemnisation minimisés.

Ce sont les principaux enseignements d'une analyse coûts-bénéfices réalisée sur trois collectivités des Deux-Sèvres : le syndicat du Val de Loire, le syndicat des eaux du Vivier et le syndicat pour l'étude et la réalisation des travaux d'amélioration de la desserte en eau potable du sud des Deux-Sèvres (SERTAD).

Lutter contre les fuites d’eau & économiser la ressource Quelles solutions en ville et à la campagne ? Focus sur les compteurs de sectorisation

Vidéo - Lutter contre les fuites d’eau & économiser la ressource Quelles solutions en ville et à la campagne ? Focus sur les compteurs de sectorisation

juin 2021

© Une image à part - Agence de l'eau Loire-Bretagne

[musique]

Voix-off :
2005. Un été chaud, et très sec. Des pics de chaleur à 39 degrés dans les Deux-Sèvres. La sécheresse et une menace : le manque d’eau.

Marc Lambert, Directeur de la régie des eaux de Niort Agglo (79)
« On est passé juste sur le fil du rasoir, à côté de coupures sur l’agglomération. »

Dominique Régnier, Présidente du syndicat du val de Loire à Bressuire (79)
« On a pris conscience, cette année-là, qu’on pouvait manquer d’eau. »

Voix-off :
Alors, comment économiser l’eau, anticiper ces périodes de tension ?
Limiter la consommation bien sûr : industrielle, agricole et chez les particuliers. Mais dans ce département si exposé, la chasse aux fuites est devenue une priorité.

Niort c’est 600 km de réseaux d’eau potable. La régie gère tout : prélèvement en milieu naturel, traitement et distribution de 13 000 m3 d’eau chaque jour pour 75 000 habitants.
Après le remplacement des canalisations en 2003, un autre grand chantier a été lancé, la sectorisation.

Régie des eaux de Niort : compteurs de sectorisation et pré-localisateurs acoustiques en zone urbaine

Laurent Deville, responsable des services techniques, Régie des eaux de Niort – Niort Agglo (79) :
« Tout va bien ? Pas de problème cette nuit, en astreinte ?

Sur 19 secteurs, des appareils permettent de mesurer les débits d’entrée et les débits de sortie et par des seuils d’alerte, de définir les débits nocturnes qui pourraient témoigner d’un début de fuite. »

Voix-off :
Mais ce n’est pas tout.
Au cœur de la ville, pour affiner la traque des fuites, 300 pré-localisateurs acoustiques et fixes, sont ajoutés sur le réseau en fonte, des écouteurs sophistiqués. Sur un rayon de 200 mètres, chaque pré-localisateur écoute battre le flux de l’eau, en temps réel.

Denis Jouet, responsable du service distribution d’eau, régie des eaux – Niort Agglo (79)
« C’est un appareil qui est équipé d’une carte SIM et qui communique avec une interface Web. Il est autonome, normalement, pendant 3 à 5 ans et toutes les nuits, il enregistre le bruit du réseau. Normalement, aucune fuite ne peut nous échapper. »

Voix-off :
Coût de l’opération pour les études, achats et installations de compteurs et pré-localisateurs : 350 000 € en tout, financés à 80 % par l’agence de l’eau Loire-Bretagne.

Marc Lambert, Directeur de la régie des eaux de Niort Agglo (79)
« On est passé, en une quinzaine d’années, de rendement d’un peu moins de 60 % jusqu’à des rendements de plus de 90 %. L’étude de sectorisation, financée par l’agence de l’eau, a grandement contribué à ce rattrapage de rendement. De 2005 à 2021, on a diminué d’environ 40 % à 50 % les prélèvements dans le milieu naturel. »

Voix-off :
En finançant les études patrimoniales pour mieux connaître l’état des réseaux et les équipements de gestion, depuis plus de 15 ans, l’agence de l’eau Loire-Bretagne accompagne les collectivités. Parce que la gestion partagée et collective de l’eau est devenue vitale.

Emmanuel Pichon, chargé de mission eau potable – Agence de l’eau Loire-Bretagne
« Aujourd’hui, sur le bassin Loire Bretagne, 18 % de l’eau produite est perdue dans les réseaux de distribution. Le rendement moyen est de l’ordre de 83 %, l’objectif à atteindre, 93 %. Ce qui représente, à peu près, 100 millions de m³. »

Syndicat du Val de Loire – Bressuire : 2500 kilomètres de réseaux en ville et à la campagne

Voix-off :
Bressuire. Le réservoir de Montigny. C’est le site de stockage du Syndicat du Val de Loire, 5 000 m3 d’eau, en transit, pour alimenter les 85 000 habitants du Nord du département.

Sébastien Raynaud, Directeur du syndicat du val de Loire à Bressuire (79)
« À partir d’ici, l’eau va être distribuée vers l’ensemble de nos abonnés, des compteurs vont nous permettre de savoir exactement 24h/24, à la seconde près, quelle est la quantité d’eau qui part dans chaque direction. »

Voix-off :
"En grande partie, en pleine campagne et enterrée : 2 500 km de réseau, 6 fois plus qu’à Niort. Alors, comment détecter les fuites efficacement ?
Depuis 2011, 265 compteurs de sectorisation ont été installés, reliés à un boîtier intelligent de télégestion."

Sébastien Raynaud, Directeur du syndicat du val de Loire à Bressuire (79)
« Avant, on avait un seul compteur. Quand on détectait éventuellement une fuite, on ne savait pas où chercher dans les 300 km de réseau. Aujourd’hui, on a sectorisé, en mettant de nombreux compteurs, ce qui nous permet de vraiment localiser les problèmes secteur par secteur et agir beaucoup plus rapidement pour chercher les fuites. »

Olivier Poignant, Responsable réseaux, Véolia - Bressuire (79) :
« Donc là c’est l’appareil de télégestion qui rapatrie les informations toutes les nuits sur le centre Bressuire. »

Sébastien Raynaud, Directeur du syndicat du val de Loire à Bressuire (79)
« L’installation d’un compteur est rentabilisé en l’espace de 4 à 5 mois parce qu’on détecte une fuite qu’on aurait jamais trouvée et, en fait, le gain économique et en ressource est immédiat. »

Voix-off :
3 vagues de travaux en 10 ans. Montant de l’investissement pour le syndicat : 1 400 000 euros, dont 70 % financés par l’agence de l’eau.

Dominique Régnier, Présidente du syndicat du val de Loire à Bressuire (79)
« Les subventions que nous ont allouées, effectivement, l’agence de l’eau ont été primordiales dans l’avancement des travaux. Nous l’aurions fait mais sur des délais beaucoup plus long. Depuis 10 ans, nous avons quand même économisé 4 millions de m³ d’eau, c’est pratiquement l’équivalent d’une année de consommation d’eau sur ce syndicat. »

SERTAD – Sud Deux-Sèvres : sectorisation et économie d’eau

Voix-off :  
Au Sud de Niort, le SERTAD, sur un territoire rural, 50 000 habitants, assure la production et la distribution de l’eau. Sur 25 communes, une équipe d’experts surveille et entretient plus de 1 000 km de canalisations.

Jean-Louis Marceau, Responsable sectorisation – SERTAD – Sainte-Néomaye (79)
« Le matin, on arrive, on ouvre la sectorisation, on voit le compteur qui fuit, on va en recherche de fuite sur 4 ou 5 km. 14h, l’équipe peut intervenir pour réparer la fuite. La sectorisation nous a indiqué qu’il y avait un problème à cet endroit. Le débitmètre, qui est là, nous concrétise vraiment le problème.»

Voix-off :  
200 compteurs de sectorisation, 1 tous les 5 km et 100 débitmètres ont été mis en place.

Fabien Ringeval, Directeur – SERTAD – Sainte-Néomaye (79)
« Pour nous, ça va être au moins 10 % d’économie d’eau rien que par la sectorisation de la recherche de fuite. On va sortir un rendement sur 2020 qui est de 87 %. Les investissements, avec les gains dans la production d’eau, seront rentabilisés en moins de 10 ans.
C’est vraiment, vraiment rentable et surtout à long terme. »

Voix-off :
Depuis 1992, sur l’ensemble du bassin Loire-Bretagne, 14 000 compteurs de sectorisation et 7 500 pré-localisateurs acoustiques ont été financés par l’agence de l’eau. Économie, environnement, comme l’a montré l’étude socio-économique menée par l’agence dans les Deux-Sèvres en 2020, les investissements ont été largement rentabilisés.

Emmanuel Pichon, chargé de mission eau potable – Agence de l’eau Loire-Bretagne
« Toutes les collectivités ont réalisé des économies d’eau importantes et s’y sont retrouvé financièrement. »

Dominique Régnier, Présidente du syndicat du val de Loire à Bressuire (79)
« Même quand vous avez de l’eau à foison il faut, malgré tout, ne pas la gaspiller. »

Fabien Ringeval, Directeur – SERTAD – Sainte-Néomaye (79)
« Et là, la sectorisation ça marche. »

Marc Lambert, Directeur de la régie des eaux de Niort Agglo (79)
« On a vraiment, l’économique, l’environnemental, on est vraiment dans le durable. »

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